Mutations sociétales et transformations numériques
Mutations sociétales et transformations numériques

Education et numérique, séparer le bon grain de l’ivraie. (1) Les outils digitaux

Je constate régulièrement, dans les médias, ou quand on me questionne sur ce sujet, que parler « éducation et numérique », revient toujours très rapidement à discuter « outils ». Mais c’est une erreur, et une erreur grave, car elle masque les vrais enjeux.

Plume, stylo, clavier, écran tactile… sont des outils digitaux.

Vous les utilisez avec vos doigts. Les plus récents sont juste un peu plus commodes que de graver la pierre avec un silex ! C’est à ce titre que le progrès doit se penser. Mais il s’agit là d’un temps long, évolutionnel. (Cf. aussi ce billet où j’expliquais pourquoi les supports ne sont pas neutres)

Mis au service de la pédagogie quotidienne, stylo ou écran tactile ne sont que des instruments :

  • Ni l’un, ni l’autre, ne garantit l’application par l’enseignant de moyens appropriés au service de fins pédagogiques pertinentes. Se priver d’un facilitateur (faites apprendre une fable de La Fontaine sur un cahier Vs sur YouTube, [edit : autre exemple donné par @fcharles : imprimer un doc qui sera photocopié puis scanné pour être mis sur ordinateur, plutôt qu’utiliser l’email]) est idéologique et n’a pas plus de sens, qu’il n’y en aurait à déporter tous les apprentissages sur Twitter.
  • La maîtrise de leur « tenue » par l’apprenant est anecdotique. Nul besoin de brevets pour cela. Elle ne répond qu’à la question « avec quoi j’écris », autrement dit « comment mes doigts fonctionnent avec l’outil, dans un but d’échange et d’élaboration de pensée ». Compte-tenu du temps qu’il faut à un enfant de 3 ans pour apprendre à se servir d’une tablette, ce problème-là sera vite résolu, croyez-moi. :D

Pourtant, quand l’on parle installation de TBI, vidéo-projecteurs, choix entre PC fixes, portables, tablettes ou smartphone, etc. c’est bien là, et souvent seulement là, que se place le débat « école et numérique ». A tort.

Assimiler la question numérique à celle de ses équipements, c’est :

  • Risquer d’ignorer les vrais enjeux
  • Jouer contre eux en les réduisant à des choix mercantilo-techniques, court-termistes, qui, s’ils en restent à ce niveau de compréhension, seront inévitablement déceptifs et coûteux pour le collectif.
Les vrais enjeux sont organisationnels : la « brique numérique » recouvre ou prolonge progressivement, dans toutes les organisations humaines, la « brique papier » et la « brique minérale ». Or elle a pour propriété d’être plus reliante. Je regrouperais ces enjeux en deux grands ordres pour ce qui touche l’éducation : la transformation du savoir, et celle des organes pédagogiques.

 

 

A child’s hand plays in moving sand at The Exploratorium in San Francisco, CA., by Kolby on Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)